La ville heureuse


Je voudrais bâtir une ville heureuse
avec des arbres et des eaux,
de grands arbres serrés sur de secrets oiseaux
comme dans nos vieux livres d'images
quand nous étions des enfants sages,
de ces arbres gonflés d'étranges sèves
et qui savaient nourrir et bercer tous nos rêves.

Avec des rues comme des nids tout en rumeurs
où la vie coulerait dense et généreuse
pour ceux qui ont peur du bruit de leur coeur,
avec de très hauts ciels et des espaces purs
charriant de l'azur
et des cargaisons de nuages
au bord de lentes plages,
des solitudes claires
pour les silencieux,
pour tous ceux
qui ne savent pas replier leurs ailes.

Je voudrais bâtir une ville heureuse
et qui déferlerait joyeuse
tout autour de la terre.

L'on n'y verrait que de beaux visages
pareils et divers comme ceux des dieux
et qui semblent porteurs de messages
mélodieux.

Où êtes vous, les hardis bâtisseurs,

vous qui saurez vaincre sans armes
et qui naîtrez de quelques fiers rêveurs
et de toutes nors larmes.


Louisa Paulin (1888-1944)



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